L'intérieur d'une ferme écossaise; le fond, qui est ouvert, laisse voir un site pittoresque, des arbres, des rochers, et une route qui descend de la montagne à la ferme.
Scène première.
Introduction.
Paysans Écossais, Hommes et Femmes; La Marraine, le bouquet au côté.
CHŒUR.
Sonnez, cornemuse et musette!
Les montagnards sont réunis;
Car un baptême est une fête
Pour des parents, pour des amis.
Scène II.
Les Précédents; Dikson, Jenny, sortant de la porte à droite.
PREMIER PAYSAN, allant à lui.
Eh bien, cousin, quelle nouvelle?
DIKSON.
Ah! mes amis, mes bons amis,
Partagez ma douleur mortelle:
On ne peut baptiser mon fils!
PREMIER PAYSAN.
Et pourquoi donc?
DIKSON, montrant Jenny.
Ma femme et moi
En perdrons la tête, je croi:
Voilà, par un revers soudain,
Que nous nous trouvons sans parrain.
TOUS.
Point de parrain!
DIKSON.
J'en avais un du plus haut grade,
Car c'était monsieur le shérif;
Mais voilà qu'il tombe malade,
Et juste au moment décisif.
TOUS.
Comment remplacer un shérif?
JENNY.
Je veux un parrain d'importance,
Qui porte bonheur à mon fils.
DIKSON.
Mais, je le vois, l'heure s'avance;
N'y pensons plus, mes bons amis!
Scène III.
Les Précédents; Georges, paraissant sur le haut de la montagne.
Il est en vêtement très simple, et porte sur son épaule un petit paquet attaché au pommeau de son épée.
TOUS.
Eh! mais quel est cet étranger?
GEORGES, qui a descendu la montagne et qui entre en scène.
Chez vous, mes bons amis, ne puis-je pas loger?
Tirant sa bourse et la lui présentant.
Tenez, car la faim m'aiguillonne.
DIKSON.
Chez les montagnards écossais
L'hospitalité se donne,
Elle ne se vend jamais.
Votre état?
GEORGES.
J'ai servi dès ma plus tendre enfance,
Et je suis officier du roi.
DIKSON.
Ce titre-là suffit, je pense;
Soyez le bienvenu chez moi.
Tout le monde s'empresse autour de lui; on le débarrasse de ses armes et de son bagage, pendant la ritournelle de l'air suivant.
GEORGES.
Air.
Ah! quel plaisir d'être soldat!
On sert par sa vaillance
Et son prince et l'État;
Et gaîment on s'élance
De l'amour au combat.
Ah! quel plaisir d'être soldat!
Sitôt que la trompette sonne,
Sitôt qu'on entend les tambours,
Il court dans les champs de Bellone,
En riant, exposer ses jours.
Écoutez ces cris de victoire,
De la gaîté c'est le signal:
»Amis, buvons à notre gloire;
Buvons à notre général!«
Ah! quel plaisir d'être soldat! etc.
Quand la paix, prix de son courage,
Le ramène dans son village,
Pour lui quel spectacle nouveau!
Chacun et l'entoure et l'embrasse:
»C'est lui, c'est l'honneur du hameau!«
La beauté sourit avec grâce;
Le vieillard même, quand il passe,
Porte la main à son chapeau.
Et sa mère, est-elle heureuse!
Regardant autour de lui.
Mais j'avais une amoureuse:
Souriant.
Où donc est-elle? j'entends,
Je comprends.
Soupirant et reprenant gaiement.
Ah! quel plaisir d'être soldat!
On sert par sa vaillance
Et son prince et l'État;
Et gaîment on s'élance
De l'amour au combat.
Ah! quel plaisir d'être soldat!
JENNY, bas, à Dikson.
Quel aimable et gai caractère!
C'est le parrain qu'il nous faudrait.
DIKSON, de même, à Jenny.
Y penses-tu? c'est indiscret.
JENNY.
Ne crains rien, et laisse-moi faire.
S'approchant de Georges.
Couplets.
Premier Couplet.
Du ciel pour nous la bonté favorable
Nous donne un fils, espoir de notre hymen;
Et pour qu'il soit aussi brave qu'aimable,
Nous vous prions d'en être le parrain.
GEORGES.
Deuxième Couplet.
Puissé-je un jour, pour acquitter ma dette.
De votre fils embellir le destin!
Mais en voyant tant d'attraits, je regrette
De ne pouvoir être que son parrain.
DIKSON, avec joie.
Vous acceptez: ah! quel bonheur!
A Jenny.
Cours prévenir notre pasteur.
Aux montagnards.
Veillez au repas, je vous prie?
Car avant la cérémonie
Nous avons toujours le festin.
GEORGES.
Moi, d'avance je m'y convie;
Vous me verrez le verre en main!
DIKSON.
Grand Dieu! quel aimable parrain.
REPRISE DU PREMIER CHŒUR.
Sonnez, cornemuse et musette!
Les montagnards sont réunis:
Car un baptême est une fête
Pour des parents, pour des amis.
Jenny sort par le fond; plusieurs montagnards la suivent, ou rentrent dans l'intérieur de la ferme.
Scène IV.
Georges, Dikson.
GEORGES. Voilà donc qui est convenu! je reste ici! je suis de la famille! mais je ne me serais pas attendu ce matin à la nouvelle dignité qui m'arrive.
...